Les Héritiers du Cardolan
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Une leçon de pêche

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Message  Hiragil 5/5/2013, 22:53

Rendez-vous avait été pris moins d’une décade auparavant. Entre temps, le bâtard avait des arbres à abattre pour refaire une partie de la charpente de ce qui était en train de devenir sa maison-à-racines. Il ne pouvait pas dire ce qu’il savait à son sujet, ni expliquer ce qu’était Kadar Hil ; on ne le croirait pas, et c’était mieux ainsi.
L’hiver n’avait pas été froid, mais assez humide. Il avait fallu beaucoup de bois aux citadins frileux, qui avaient acheté des réserves supplémentaires afin d’atteindre que la chaleur naissante du printemps réchauffe enfin l’atmosphère glaciale de ces temps incertains. Il avait pu acheter une scie et un ciseau à bois qu’il pourrait manier avec un maillet qu’il s’était fabriqué à l’aide d’une branche de chêne pour le manche et de merisier pour la tête.
Les arbres étaient tombés, le cheval rapporté des rives du lac Nenuial avait tiré les troncs jusque sur le petit terrain devant la maison. La sciure qui tombera dans sa parcelle enrichira la terre pour la rendre plus belle encore.

Rendez-vous avait été pris, et le Bâtard n’avait pas du tout l’intention de s’y dérober. La luthiste avait du talent, il se surprenait à danser sur ses airs comme il avait pu le faire tant et tant de fois autour du feu dans la vollr. Ce passé qu’il avait voulu laisser derrière le rattrapait malgré lui, d’une façon inattendue, par ses meilleurs souvenirs.
Ils s’étaient promis de s’apprendre leur façon de pêcher les poissons. Lui était curieux d’apprendre une nouvelle façon de faire ; le chasseur voulait savoir, il voulait être plus efficace. Il avait l’habitude des ruisseaux qui sillonnaient les vastes plaines battues par les vents. Elle connaissait les usages des larges cours qui allaient grossir le Grand Fleuve.
La rivière qui coulait devant la Ville du couchant ne ressemblait pas à ce qu’ils connaissaient l’un ou l’autre. Ils s’adapteraient, c’est un qualité importante pour un chasseur digne de ce l’honneur de ce nom.

L’aube éclairait déjà le ciel nuageux quand ils passèrent la porte de la Ville. Le pont sur la route du couchant avait été construit sur un ancien passage à gué. Il y avait tout proche de nombreux taillis, desquels le Bâtard tira deux branches longues et souples à la demande de la femme du midi. Elle coupa une ficelle en deux : elle attacha son bout à une extrémité de la branche qu’elle tenait à la main, tandis qu’elle demandait au Bâtard de fixer son couteau au bout de la sienne.
Ce dernier s’exécuta, ne voulant pas désobéir à son professeur. Sa lame lui était précieuse, et c’était une des rares choses venant de la vollr qu’il voulait conserver. Il trouvait tout de même sa lance très déséquilibrée, la pointe trop lourde, et au final peu maniable. Il aurait bien compris qu’elle lui demandât de tailler la branche en épieu ; il n’aurait même pas eu besoin d’utiliser les forces secrètes du feu pour le renforcer. Il n’avait que cette lance dont la pointe allait toujours vers le bas. Peut être était-ce là le secret, mais ce qui était certain c’est qu’il ne pourrait pas la lancer très loin.
Ils remontèrent alors le courant pour trouver un bon site. Alors que la femme marchait devant, le regard du Bâtard s’attarda un long instant sur la couronne de fleurs multicolores, puis insensiblement il tomba sur le bas du dos, sa cambrure puis son galbe. Cette forme douce et arrondie, agréablement galbée l’inspira. Il aurait bientôt à faire des pots pour conserver les graines sèches qu’il envisageait de faire pousser. Cette silhouette était plaisante, pratique, utile. Il en aurait certainement besoin.

La femme du midi avait trouvé un endroit qui lui convenait, une grosse pierre au milieu du courant. Ils retirèrent leurs bottes et sautèrent sur la roche mouillée. Bien sur l’un d’eux glissa et tomba à l’eau ; bien sur il leur fallu plusieurs essais pour sortir un simple poisson et une écrevisse, avec la ligne et avec le harpon. Elle avait eu besoin d’aide pour tirer assez fort sur la ligne ; il avait eu du mal à anticiper le mouvement des poissons et gérer le déséquilibre de l’arme. La leçon avait porté ses fruits, même s’ils étaient maigres. Mais ce n’était qu’une première récolte, mais elle en annonçait bien d’autres et plus fructueuses.
Le Bâtard avait promis de lui montrer comment il pêchait dans les rus. Tout le secret des bons chasseurs était de comprendre leur proie. Les poissons ont besoin de la chaleur du soleil. La nuit ils se cachent sous les pierres pour profiter de la chaleur qu’elles ont accumulées dans la journée. Avant l’aurore, il est donc aisé de les attraper à main nue sous les roches où ils sont encore dans un état léthargique ; plus on avance dans la journée, et plus il est difficile de les attraper, même si on est rapide et adroit. Ainsi malgré leurs ruses, ils ne purent attraper aucun poisson à main nue.
En outre l’eau était froide et ils avaient du s’immerger complètement pour envoyer leurs mains au fond des anfractuosités où se tapissaient les poissons. Or ni l’un ni l’autre n’avait réellement prévu de prendre un bain. Le Bâtard réchauffa comme il put les pieds bleuis de son élève du moment ; il lui proposa même sa cape en cuir pour l’aider un peu.
Ils repartirent vers Bree en bavardant. Leurs prises étaient modestes, trop pour une seule personne même. Le Bâtard ne s’en souciait pas : la leçon d’aujourd’hui valait largement un repas
Hiragil
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